Avant de lire ci-dessous cet historique, nous vous conseillons de lire les témoignages de notre « petit co » Edgard Attias » sur son séjour dans la lande bretonne.
L’ECOLE MILITAIRE INTERARMESDE COETQUIDAN |
L’EMIA est une école jeune, née le 13 septembre 1961, de la séparation en deux groupes de l’ESMIA.Les élèves issus des classes préparatoires (concours direct) forment l’ESM et les personnels arrivant de Strasbourg donnent naissance à l’EMIA. Le système instauré en 1951, proposant une formation distincte pour les personnels issus des corps de troupe, dans une même école et sous le même uniforme, aura duré dix ans.
C’est sur les instances du général de Gaulle, président de la République, qu’est prise en premier lieu, le 3 décembre 1959, la décision de reconstruire l’École spéciale militaire à Coëtquidan. La séparation définitive se fera moins de deux ans après et les élèves provenant de Strasbourg auront la surprise de se voir attribuer une tenue différente de leurs camarades du concours direct lorsqu’ils se présenteront à Coëtquidan pour intégrer Saint-Cyr en 1961. Ils appartiennent désormais à la première promotion d’une nouvelle école, héritière des anciennes écoles d’armes créées après le désastre de 1870, et surtout de la première EMIA de Plan de ToulonCherchell et de Coëtquidan qui a formé sept séries d’élèves officiers. A ce titre, l’école reçoit le 6 novembre, le drapeau qui avait été remis au colonel Gandoët par le général de Lattre le 12 juillet 1946.Ce drapeau sera décoré en 1962, de la croix de guerre des TOE, puis en 1968 de la croix de guerre 1939/1945, remises à l’ESMIA. En 1987, il recevra en outre la croix de guerre 1939/1945 remise à l’école de Cherchell. Des traditions spécifiques à l’EMIA font leur apparition. L’élève officier d’active (EOA) Bernachot de la promotion Capitaine Bourgouin , première promotion de l’EMIA, compose la « Prière ». Il adapte pour cela, sur les accents de la « Marche Consulaire à Marengo », la prière écrite par l’aspirant parachutiste André Zirnheld et retrouvée sur son corps lorsqu’il fut tué en Libye en 1942. « Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais. Je ne vous demande pas le repos Ni la tranquillité Ni celle de l’âme, ni celle du corps. Je ne vous demande pas la richesse Ni le succès ni même la santé. Tout çà, mon Dieu, on vous le demande tellement Que vous ne devez plus en avoir. Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste. Donnez-moi ce que l’on vous refuse. Je veux l’insécurité et l’inquiétude. Je veux la tourmente et la bagarre. Et que vous me les donniez, mon Dieu, définitivement. Que je sois sûr de les avoir toujours Car je n’aurai pas toujours le courage De vous le demander. Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas. Mais donnez-moi aussi le courage Et la force et la foi. » Le 4 mars 1968, le ministre approuve la devise de l’école (l’ancienne devise de l’EMICC de Saint-Maixent) : « le travail pour loi, l’honneur comme guide ». L’entrée dans le corps des officiers est symbolisée à travers la tradition séculaire de l’adoubement. Le 29 octobre 1962, les sous-lieutenants de la promotion Bourgin reviennent à Coëtquidan pour remettre leurs sabres aux jeunes EOA. Le 24 juillet 1966, à l’occasion de la cérémonie du Triomphe, les élèves sont dotés de la tenue de cérémonie bleu armée des officiers, au titre de tenue de tradition (les essayages avaient été menés grâce aux deux « mannequins » de la promotion : Pierre Thomas et Roland Pineau). La tenue de tradition d’aujourd’hui sera portée pour la première fois le 23 octobre 1978 lors de la remise des sabres de la promotion général Laurier. En 1984, le conseil de perfectionnement de l’EMIA est créé avec pour mission de donner un avis sur toutes les questions qui lui sont soumises par le ministre ou le CEMAT : conditions d’admission à l’école, organisation générale de celle-ci, objectifs de formation et des études… En 1985, deux concours séparés sont mis en place pour les sous-officiers et les ORSA (officiers de réserve en situation d’activité), la formation à l’école est allongée à deux ans, un diplôme de l’EMIA est institué (équivalent DEUG). Il existe donc à ce jour (en 2005), deux promotions d’élèves (des brigades) réparties sur deux années. A la fin de la première année, les EOA sont nommés sous-lieutenants et des traditions d’accueil des jeunes sont mises en place… non dans un esprit de bizutage mais avec une volonté d’accueil et d’intégration au sein de l’école. Les cadets de première année se voient remettre un calot (bonnet de police azur à tranches rouges) au cours d’un binômage avec leurs anciens puis après une veillée au drapeau, le sabre. Enfin, les deux promotions se réunissent à la fin de l’année pour « l’enterrement » des tableaux de service (tradition qui provenait de Saint-Maixent). Elles se retrouvent enfin pour une dernière « nuit bleue » autour d’un bœuf grillé partagé avec leurs « voraces » (cadres de l’école). Début septembre 1965, c’est dans cette école, pas encore aussi fortement structurée, que vont intégrer les cent soixante-treize élèves français bientôt ralliés par les étrangers. La promotion, qui n’a pas encore de nom, va entrer dans une école neuve. Nous sommes enchantés de nos sites de vie à l’exception des « pédiluves » tout neufs qui, inexplicablement, ont une pente d’évacuation des eaux inversée ! La Fine de promotion décrivait en 1965 l’arrivée à Coët et les perspectives de l’année en ces termes : « Les 9 et 10 septembre 1965, les nouveaux bâtiments des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ouvraient leurs portes pour accueillir les 201 élèves de la 28e série de l’EMIA. Le premier contact fut pour tous un émerveillement. Tout y est peaufiné à l’extrême et dans un style des plus modernes. Un foyer, sans égal dans aucune école, est le symbole même de la vie actuelle à Coët : un esprit nouveau dans un cadre nouveau. » Il n’y a plus que les «Tradis, la Pompe, la Mili…» et la lande bretonne qui subsistent, heureusement. Sinon l’on pourrait croire que la vie à Coët est devenue d’une facilité dérisoire. Les cours techniques se font toujours dans les anciens bâtiments et le cinéma est toujours le lieu où ils « vont pour dormir » (devise détournée de « Ils vont pour s’instruire ») suivant en cela la trace glorieuse de leurs anciens. Le rythme, un peu surprenant au début, est cependant le bienvenu surtout après le temps consacré à la Pompe (culture générale) à Strasbourg. C’est l’esprit dégagé de toute contrainte que la promotion peut se consacrer à ce qui est sa principale tâche : s’affirmer en tant qu’élèves d’une école d’officiers, appuyée en cela par des traditions solides, un moral et une discipline stricte pour tout ce qui a trait à la vie de l’EOA. » Quelques dates marqueront de façon plus intense la vie de la promotion : – le 23 octobre : remise des sabres sur le Marchfeld (l’ancien) par nos anciens de la Zirnheld, « A 21 heures, sous la lumière éclatante des projecteurs, la promotion Zirnheld a remis les sabres aux élèves de la 28e promotion de l’École militaire de Strasbourg, après que le général de Boissieu, commandant l’ESM et l’EMIA ait passé les troupes en revue sur le Marchfeld. Au commandement « Remettez les sabres » le général de Boissieu, les officiers supérieurs de l’école et les sous-lieutenants de la Zirnheld remirent leurs sabres aux élèves officiers. Puis eut lieu la cérémonie de la passation du drapeau à la nouvelle garde « Vous voilà sacrés chevaliers, déclara le général de Boissieu, songez aux quatre mille morts des écoles d’armes restés fidèles à ce drapeau ». Le défilé, impeccable, de la 28e promotion clôtura la cérémonie avant que tous ne se retrouvent autour d’un vin d’honneur dans le foyer de la nouvelle école. La venue des anciens, a dit le général, « a fait une grande impression sur les élèves des deux écoles, en leur montrant que la camaraderie entre les promotions de l’EMIA n’était pas un vain mot ». Le « 2 S » qui est toujours la fête la mieux célébrée à l’école où la promo joue la coalition opposée à l’Empereur lors de la reconstitution de la bataille d’Austerlitz, – le 4 février dont l’encadrement voulait faire la fête des officiers issus de l’EMIA. Au cours de ce dîner, le général de Boissieu lèvera le verre en notre honneur. Le général de Boissieu est décédé le 5 avril 2006 – le 23 avril, la Nuit de l’EMIA – le défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées devant le général de Gaulle – le 24 juillet, le TRIOMPHE avec la reconstitution de la bataille d’Hastings de 1066 (Millénaire) lors du Triomphe. Enfin, la remise des épaulettes marque le départ dans une voie nouvelle de 200 élèves devenus officiers, conclusion logique de cette année de formation. Nous ne sommes pas sortis officiellement à 201 car, aux inaptes physiques, doit s’ajouter notre camarade Trambert qui trouva la mort dans un accident d’automobile. Les biographies qui figurent sur d’autres pages, illustrent des « morceaux de vie » de notre passage à Coëtquidan. |